jeudi 18 septembre 2008

Ouverture de la chasse


Aaaaah...J'ai manqué l'ouverture de la chasse. Ce plaisir bucolocharcutier qui comble les sens du chasseur : le bruit du canon, l’odeur de la poudre, le goût du gibier saignant, la vue d’un vol de perdreaux stoppé net par une nuée de petites billes de plomb, le contact de la crosse et de la gâchette. Quel spectacle magnifique s’offre à nous quand le calibre douze expulsé dans une gerbe de feu de la gueule fumante du canon vient arracher la queue panachée d’un faisan putassier venaissin. Son plumage s’étiole et des gouttelettes de sang se mêlent à la brume matinale qui recouvre les prairies environnantes. Son gouvernail détruit, il pique droit vers le sol tel un vulgaire caillou coulant dans une piscine. Puis il s’agite frénétiquement souillant d’hémoglobine l’herbe grasse offerte jusqu’ici en pâture à 3 charolaises aussi alertes qu’un guichetier de la SNCF un lendemain de fête. C’est alors qu’un basset, aux oreilles pendantes et à la queue en berne, se rue sur la victime, la coince entre ses mâchoires baveuses et la rapporte à son maître. Le regard vide, témoin d’une intelligence aussi développé qu’un animateur de radio pour jeunes rappeurs, il lève la tête vers son maître et dépose sa proie devant ses bottes en caoutchouc dont la marque évoque une future victime potentielle. Voyant que l’oiseau frétille encore, il recharge son fusil, l’ajuste et lui tire un coup de sommation dans la tête et le dernier coup en l’air. Y a plus qu’à le ranger dans la besace. Et ce midi à l’heure de l’apéro c’est en vomissant par abus de panaché qu’il repensera à cette gerbe de feu explosant cette queue panachée.

mardi 16 septembre 2008












Chausey, c'est...
Le plus grand archipel d'Europe, lessivé deux fois par jour par les plus fortes marées du Vieux Continent.
Une Grande Ile longue d'à peine un mille.
Une nature magnifique et un site classé, donc protégé.
Un rude exercice de navigation.
Des îles normandes – pas anglo-normandes –, ancrées à neuf milles de Granville.
Chausey, c'est… tout sauf un lieu commun.
L'archipel de Chausey se situe à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Granville. Il est composé d'une multitude d'îlots et d'écueils dont une cinquantaine ne sont jamais recouverts à marée haute. Avec le jusant, l'archipel laisse place à un platier très étendu, plus ou moins émergé et traversé de bras de mer.
MARIN-MARIE, L'ENCHANTEUR
Nombreux sont les peintres qui viennent s'essayer à rendre compte de la complexe réalité chausiaise – cette eau qui bouge, ce relief qui change, cette lumière si fugitive… L'un d'eux a merveilleusement su rendre la vie de l'archipel : Marin-Marie.
Né en 1901 à Fougerolles-du-Plessis, mort en 1987, Marin-Marie était, il est vrai, doué de bien des talents : peintre de la Marine, navigateur audacieux et écrivain maritime. De son vrai nom Paul Marin Durand Couppel de Saint-Front, il fait la traversée Douarnenez-New York en solitaire sur
Winibelle II, ce qui n'est pas si courant en 1933 ! Il a toujours considéré Chausey comme son port d'attache – et c'est d'ailleurs là qu'il a fait escale au terme de sa traversée Ouest-Est de l'Atlantique en solitaire sur sa petite vedette à moteur, Arielle, en 1936, avant de rallier Le Havre, où l'attendaient honneurs et discours officiels.
Dans sa
belle maison, au pied de la chapelle, le maître disposait d'un magnifique atelier tourné vers le Sound, illuminé d'une immense verrière et encombré d'esquisses, d'aquarelles, de maquettes, de photos, de demi-coques… Acuité du regard, finesse du trait et amour profond du site ont permis à Marin-Marie d'immortaliser l'archipel dans ce qu'il a de plus authentique. Et, quand “Marin l'Enchanteur” a appareillé pour son dernier voyage, Chausey a perdu un peu de son âme – et son plus ardent défenseur…
Pour se rendre à Chausey: